Hommage à Diego Brosset - 2018

18 novembre 2018

Les cérémonies de la Libération de Champagney ont revêtu un caractère particulièrement émouvant grâce à la présence de Kulas Wladislaw. Cet Ancien du 4ème bataillon de choc-commando de Cluny, malgré ses 96 ans, avait tenu à être présent. Son commando, entité de la 1ère Armée française, a libéré Echavanne et Frahier puis effectué la percée sur Belfort après avoir sauvegardé la digue du bassin de Champagney. Etait également présente à ces cérémonies Yvette Roth (Effler) qui a vécu la période des bombardements sur Champagney puis intégré le 201ème régiment nord-africain jusqu’à l’entrée en Allemagne de cette troupe. La présence et le témoignage de ces acteurs sont d’une richesse irremplaçable.

Ma prise de parole :

« Cher amis,

Nous sommes réunis une nouvelle fois pour rendre hommage au général Brosset et aux combattants de la 1^ère DFL. Ils reposent ensemble à la Nécropole nationale de Rougemont, en terre de Franche-Comté, terre de France pour laquelle ils ont donné leur vie.  

À Paris, au pont Bir Hakeim sur la stèle qui jouxte le buste du général Brosset on peut lire : « Au général Diego Brosset mort au champ d’honneur, à la 1^ère Division Française Libre, à ses 4000 morts, aux braves et aux fidèles qui répondirent à l’appel du général de Gaulle de juin 1940 et combattirent 5 ans pour libérer la France dans l’honneur et par la victoire : Afrique centrale, Erythrée, Syrie, Lybie, Bir Hakeim, Tunisie, Italie, Provence, Vosges, Alsace, Tende ».

En effet, à la mémoire de Diego Brosset, il nous faut associer celle de tous les hommes tués au combat dès les premiers temps de la France Libre jusqu’au moment ultime de la Libération, la mémoire des Français de France et celle des Africains (sur les 2169 tombes de la nécropole nationale de Rougemont, 1251 sont ornées d’une stèle musulmane) , la mémoire des engagés de la première heure tel un Brosset qui rallia de Gaulle le 24 juin 1940 et celle de ces jeunes garçons qui s’engagèrent à l’automne au moment de la libération de leur village, tel Robert Joyerot natif de Champagney- Eboulet tué à Auxelles-Bas le 21 novembre 1944 à l’âge de vingt ans.

Diego Brosset avait forgé sa division à son image. Ses hommes l’aimaient car il était présent, on le voyait partout, toujours en première ligne avec les unités de tête, toujours en liaison radio avec son chef d’état-major. Il communiquait son enthousiasme à toute la troupe  et après la bataille,  on pouvait l’entendre déclamer les plus beaux vers de la langue française. Le général Saint Hillier le résume encore par ces mots : « Il faudrait un volume pour dire ce qu’était le général Brosset, une encyclopédie pour dire ce qu’il savait, une bibliothèque pour contenir ce qu’il disait ».

Au soir de sa mort les soldats sont en larmes. Edouard Pick  de la 9°CRD écrit : « Brosset l’invincible était mort … Il nous fut impossible de retenir nos sanglots car nous l’aimions tous pour son dynamisme rayonnant, son courage hors normes, son rire éclatant chaque fois qu’il avait défié le destin. »

Il y a déjà 74 ans de cela. Le temps passe le souvenir reste nous dit un adage qui, pour une fois, est faux. Le temps emporte tout et surtout les souvenirs, il les efface, pire les déforme. C’est pourquoi il nous faut cultiver la mémoire pour n’oublier ni les évènements, ni les êtres humains qui ont fait l’histoire, ceux qui en ont souffert, ceux qui sont morts.

Ne pas oublier en transmettant l’histoire de ces hommes, de ces femmes, l’histoire de France, notre histoire tout simplement. Cet enseignement est d’autant plus important que les vétérans  qui combattirent  le nazisme, cette idéologie raciste et mortifère sont appelés à disparaître.

L’Europe qui est sortie de cette catastrophe que fut la Deuxième Guerre mondiale, même si sa construction politique et économique reste chaotique, nous a apporté l’essentiel : la paix. Il faut que ses peuples, au-delà de leurs différences, s’assoient sur leur égoïsme et poursuivent leur chemin ensemble. »

Photos : François Bresson