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Voici un nouveau travail de l'élève René Lamboley de l'école de Champagney. Il s'agit d'une rédaction datée du mardi 5 novembre 1918.

Il y eut ce jour-là sur le cahier du jour plusieurs problèmes, une dictée "Le Crime allemand" avec ses questions et cette rédaction :

« Encore un emprunt ! » vous écrit un de vos amis. « Eh bien ! Ils n’auront pas mon argent ! » Vous lui écrivez pour lui faire part des réflexions que vous ont inspirées ses paroles.

Pour découvrir toute la série utiliser, en bas de la page, le lien "La guerre à l'école".

Emprunt national, 1918, Affiche par Abel Faivre, cliché Archives Départementales de l'Aube, Noël Mazières

Emprunt national, 1918, Affiche par Abel Faivre, cliché Archives Départementales de l'Aube, Noël Mazières

Développement

Cher ami

Est-ce bien toi qui oses m’envoyer une semblable lettre ? J’en doutais fort ! Mais cependant il a bien fallu que je me rende à l’évidence. Toi ! Refuser de souscrire à l’emprunt ?  Mais c’est donc que tu te moques de moi ! Moi qui te croyais patriote et empressé à servir ton pays et voilà qu’aujourd’hui tu m’affirmes le contraire, bien mieux tu sembles mépriser nos dévoués ministres qui travaillent sans relâche pour sauver la patrie en danger car c’est d’eux que tu parles quand tu dis dédaigneusement ils n’auront pas mon argent ! »

 

Ne m’as-tu pas maintes fois affirmé que tu aurais bien voulu te mêler parmi les nombreux convois de troupes qui partaient pour la bataille ? TU les as entendu chanter, maudire les ennemis nos braves soldats, tu as entendu parler de leur héroïsme admirable, tu as vu dans les trains des blessés supportant stoïquement leur douleur, tu as reconnu aux permissionnaires un entrain admirable ! Combien de fois m’as-tu dit que tu regrettais d’être boiteux et ce qui t’empêches de faire partie d’une si glorieuse armée qui fait l’étonnement et l’admiration de l’univers !

 

Non ! Plus j’y songe, plus je reconnais que tu parles autrement que tu penses. Ce n’est pas toi qui envies le sort de nos braves poilus, qui offrirais volontiers ta vie à la patrie, qui vas lui refuser un petit service pendant que de tous les coins de l’univers on lui vient en aide.

Vois plutôt les Américains qui sont venus se ranger à nos côtés. Que d’efforts chaque citoyen de cette grande république a faits et fait encore ! Combien d’eux meurent pour cette grande cause : assurer le triomphe du Droit sur la Barbarie. Donc, j’espère que tu ne vas pas rechigner à l’appel de la France pendant que tant d’étrangers lui viennent en aide.

 

Et puis vois-tu, toi qui flétris l’égoïsme, tu ne voudrais pas devenir un égoïste ! Les soldats ne demandent qu’à combattre, mais il faut pourtant bien qu’ils soient aidés de l’arrière. Il faut que toute la France contribue de toutes les manières à purger le monde du militarisme prussien. Et qui donc y contribuera mieux que toi si tu donnes un argent qui permettra de mettre dans les mains des soldats des fusils et des munitions ? …

 

Allons, cher ami, avoue donc que tu as voulu par cette lettre me fâcher pour rire ensuite de ma colère ! Prête une forte somme au pays et nous redeviendrons camarades !

 

Ton ami dévoué Lamboley

 

Le document original
Le document original
Le document original

Le document original

« Pour le suprême effort  »  Emprunt national. Société générale, 1918. Affiche par Marcel Falter, Paris, Imp. Chaix.

« Pour le suprême effort » Emprunt national. Société générale, 1918. Affiche par Marcel Falter, Paris, Imp. Chaix.

Le monument américain de Montfaucon dans la Meuse

Le monument américain de Montfaucon dans la Meuse

Tag(s) : #Guerre de 1914-1918
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