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Histoire de l’électrification de Champagney - 1900-1950

La « Plaine » vers 1937, le premier tournant en sortant de Champagney. A gauche les rails du tacot (1937 est la dernière année de son existence), à droite les pylônes qui amènent l’électricité depuis la centrale de Ronchamp. (archives Maurice Boillat)

La « Plaine » vers 1937, le premier tournant en sortant de Champagney. A gauche les rails du tacot (1937 est la dernière année de son existence), à droite les pylônes qui amènent l’électricité depuis la centrale de Ronchamp. (archives Maurice Boillat)

Avant l’électricité, l’éclairage public et des bâtiments se faisait au gaz. Le fournisseur de la commune était Monsieur Pigeon (Cf les lampes du même nom). Un nommé Lacour dit « Lapierre » était chargé d’allumer les becs de gaz au Centre. En 1901, un emprunt est souscrit en vue de l’installation électrique. Il est souhaité que les travaux soient terminés pour l’arrivée de l’hiver, nous sommes en septembre ! Le 20 octobre, mille francs sont votés pour régler les honoraires de l’ingénieur chargé de l’installation du réseau électrique, M. Basset, mais le temps passe et rien ne se fait.

En février 1903, on retrouve une délibération semblable sur ce même sujet. L’année suivante, changement de programme : le 25 septembre la mairie passe un traité avec Gustave Lods, propriétaire du moulin à l’entrée du village et qui produit déjà pour son propre usage de l’électricité. Ce marché a pour but l’éclairage des voies publiques du centre et des bâtiments communaux.

Le projet semble avoir rapidement évolué puisque le 18 décembre, 160 francs sont destinés à l’éclairage électrique des salles et couloirs de la mairie. Puis, en février 1905 l’électricité est installée à l’école de garçons. La même année, les houillères de Ronchamp qui disposent d’une centrale électrique, rachètent le réseau de Champagney à Madame Veuve Lods. A la demande de celle-ci, le traité initial sera résilié en octobre 1906. Un autre concernant l’éclairage des rues et des bâtiments communaux sera alors passé entre la municipalité et la société des houillères de Ronchamp. En juillet 1907, les arbres abattus pour l’installation de cette ligne sont vendus. En mars 1908, la durée de la concession du terrain nécessaire à l’établissement de la ligne électrique Paris-Belfort est portée à trente ans.

Gustave et Céline Lods sur le seuil de leur moulin. Le meunier avait installé une turbine alimentant un moteur électrique et une dynamo. En 1904, il passe un traité avec la municipalité en vue de l’éclairage du centre et des bâtiments communaux.

Gustave et Céline Lods sur le seuil de leur moulin. Le meunier avait installé une turbine alimentant un moteur électrique et une dynamo. En 1904, il passe un traité avec la municipalité en vue de l’éclairage du centre et des bâtiments communaux.

En 1911, on parle de l’éclairage du préau des écoles. Les habitants du Pied des Côtes et d’Eboulet font une pétition en mars 1914, afin que leur quartier bénéficie de l’électricité. Le conseil municipal sollicite en vain, le directeur des houillères dans ce sens. Le 25 novembre 1917, 279 francs sont dépensés pour l’éclairage de l’école de garçons au centre. En janvier 1921 l’installation électrique de l’école du centre revient à 600 francs et, en mars, c’est au tour des logements de la même école d’être équipés. Les instituteurs paieront chacun quatre francs par lampe et par mois (M Mathivet dispose d’une lampe, Mlle Maire de deux).

En février 1922, il est question, pour la première fois, d’étendre l’électrification à d’autres sections de la commune. Le 27 mai, la Société des Houillères de Ronchamp transmet les plans et devis de cette extension dont le coût s’élève à 90 000 francs. La commune décide un emprunt de 40 000 francs et l’électricité atteint Sous-les‑Chênes en 1924. Il faut attendre le printemps de l’an suivant pour qu’on reparle de travaux d’installation de lignes secondaires et il en est encore question en 1926. On traite alors du sujet avec l’ingénieur Jules Taiclet.

La présence des lampes de rue, sur leur support métallique ouvragé, permet de dater les cartes postales. Sur celle-ci aucune lampe à l’angle de la mairie. Nous sommes donc avant 1904. Par contre la façade est couverte de publicités : Guérin Boutron, Ripolin, Quinquina Dubonnet, Oxygénée Cuisinier.

La présence des lampes de rue, sur leur support métallique ouvragé, permet de dater les cartes postales. Sur celle-ci aucune lampe à l’angle de la mairie. Nous sommes donc avant 1904. Par contre la façade est couverte de publicités : Guérin Boutron, Ripolin, Quinquina Dubonnet, Oxygénée Cuisinier.

Ici, on voit les lampes à l’angle de la mairie et de l’actuel salon Dominique. Nous sommes entre 1904 et 1907 car l’école, terminée en 1907, est absente du cliché.

Ici, on voit les lampes à l’angle de la mairie et de l’actuel salon Dominique. Nous sommes entre 1904 et 1907 car l’école, terminée en 1907, est absente du cliché.

Le 21 novembre 1926, le conseil émet un avis favorable à l’établissement d’une ligne électrique à haute tension allant de Ronchamp à La Chapelle Sous Rougemont. L’électricité est installée à la gendarmerie en 1926, le bâtiment appartenant à un particulier, la commune paie sa part, soit 250 francs. En novembre 1927, le conseil est toujours en tractations avec le génie rural en vue d’étendre son réseau électrique.

Après toutes ces années d’études et de pourparlers, on signe un contrat avec les Houillères de Ronchamp en juin 1929 pour l’extension du réseau. Un an plus tard une délégation du conseil municipal de Champagney doit encore intervenir auprès de ses partenaires de Ronchamp. L’électrification de tous les secteurs de la commune va durer plus de vingt ans encore. En 1936 les quartiers électrifiés et éclairés sont : la Bouverie, le Centre, le Magny, le Mont‑de‑Serre, le Ban, la Passée, le Beuveroux, St‑Georges (Pied des Côtes) et Sous les Chênes.

En janvier 1932, les Houillères imposent de nouveaux tarifs soit 2,15 francs le kWh au lieu de 1,65 franc. Cette augmentation provoque de vives protestations et les habitants expriment leur colère par une pétition. De plus, à la même date, profitant de l’expiration de l’ancien contrat la société des houillères impose l’éclairage public au compteur à la place du forfait pratiqué jusqu’alors. L’installation de compteurs coûtera 2577 francs à la commune.

Il reste deux anciens supports de lampe, un en face de l'église, l'autre à l’angle du salon de coiffure.
Il reste deux anciens supports de lampe, un en face de l'église, l'autre à l’angle du salon de coiffure.

Il reste deux anciens supports de lampe, un en face de l'église, l'autre à l’angle du salon de coiffure.

A cette époque l’éclairage public pour l’ensemble de la commune débute logiquement à la tombée de la nuit pour s’interrompre à minuit.

En ce début d’année 1932, les houillères de Ronchamp proposent un devis pour l’électrification du Petit-Ban et du Chérimont. La commune déjà largement endettée sur ce sujet (175 000 francs en 1930) met ce projet en attente. Au même moment, Plancher-Bas envisageant de mener l’électricité jusqu’au Pré Besson et au Noirmouchot, Champagney exprime sa volonté de participer à cette extension de réseau.

La poursuite de l’électrification des écarts restera un souci pendant de longues années encore. Une délégation d’élus champagnerots se rend une seconde fois à Ronchamp en 1934 pour traiter du sujet avec la direction des Houillères. On réclame encore un devis en mars 1935. Il faut attendre 1938 pour en obtenir un de plus de 9000 francs. Entre temps, en 1937, les habitants d’Eboulet réclament toujours l’électricité pour leur quartier. Un fort sentiment d’injustice les a envahis car les « Cités d’Eboulet », un ensemble d’une trentaine de maisons construites par les Houillères de Ronchamp au printemps 1930, sont alimentées dès l’origine en eau et en électricité.

Enfin en novembre 1940, le préfet annonce qu’il est dans l’impossibilité d’envisager l’extension du réseau de Champagney par manque de moyens financiers. Il fera cependant son possible, dit-il, pour établir des tronçons de lignes avec la participation des usagers. C’est ainsi que, par exemple, des gens d’Eboulet vont peu à peu se raccorder au réseau de leur propre initiative sollicitant ensuite le remboursement des frais par la commune (trois maisons en 1940 et un autre groupe de quatre maisons en 1941).

L’électrification des écarts n’est toujours pas achevée en 1953 puisque à cette date neuf familles du Petit-Ban en font toujours la demande. Il leur est répondu que le projet global est toujours déposé au génie rural. Ce quartier, et celui du Chérimont, sont à la traîne et reviennent régulièrement à l’ordre du jour au cours de toutes ces années d’après guerre.

On le voit, l’installation de l’électricité fut longue et difficile, il y eut des priorités et il fallut beaucoup de patience à de nombreux habitants afin de pouvoir bénéficier du progrès. Il en sera de même pour l’eau au robinet, puis pour la télévision, la téléphonie mobile et la …TNT.

Cette image de 1907 montre bien l'arrivée de l'électricité au centre du village.

Cette image de 1907 montre bien l'arrivée de l'électricité au centre du village.

Les Houillères et l’électricité

Les Houillères de Ronchamp sont, dans le domaine de l’électricité, le partenaire de Champagney depuis 1905. Un prestataire puissant dont les services laissent parfois à désirer. Ainsi, en février 1930, Champagney réclame quatre lampes de plus pour la rue de la gare ainsi que la révision de toutes les lampes de la commune. En août 1931, on dénonce « la façon très défectueuse dont fonctionne l’éclairage des rues ». Même chose en 1950 où l’on demande un contrôle des lampes le 10 et le 25 de chaque mois par l’Electricité de France à Ronchamp. L’année suivante on lit encore que « … chaque, semaine, un nombre important de lampes sont signalées comme n’éclairant plus. » (délibération du conseil municipal)

Quelquefois c’est la Société des Houillères qui sollicite les communes. Ainsi, le 1er octobre 1931, elle envisage la construction de la ligne Ronchamp‑Andelnans. Une saignée de seize mètres de large sur 1,625 km de long dans la forêt communale de Champagney est nécessaire. Une concession renouvelable pour 36 ans lui est donc accordée pour 1815 francs par an et la vente des arbres abattus rapporte 3995 francs au village.

La centrale électrique de Ronchamp

La centrale électrique de Ronchamp

Tag(s) : #Histoire locale
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