Philippe Andrey est mort le 14 mai 2010 ...
En 2008
"Le temps passe le souvenir reste", voilà une maxime qui a peu à voir avec la vérité.
Le souvenir est entre les mains des vivants ... Sans eux il ne reste - il ne restera - il ne resterait - rien ...
Dire qu'il est des vivants - dans nos sociétés - qui, à l'occasion d'un décès, débarrassent, vendent, jettent, brûlent !
Je renvoie au texte écrit à l'époque, sur le coup , à lire ou relire ici :
Philippe Andrey
On avait gentiment parlé, à notre propos, d'alter ego. J'avais trouvé cela un peu excessif. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est de dire que
Philippe me manque ...
Mais il ne manque pas là où il œuvrait, évidemment, puisque personne n'est irremplaçable !
Que reste-t-il de l'action de Philippe à Lure, à Héricourt ? Si peu de chose ... une plaque ...
C'est l'implaquable oubli qui me conforte dans l'idée que sans les vivants, les autres ne sont plus rien ... C'est la thèse développée par Philippe Lazar dans "Court traité de l'âme" et
que je mets en pratique par un méticuleux travail de mémoire à l'endroit de personnes que j'ai connues (ou pas).
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2008/88/lazar.htm
C'est dans cet esprit que je propose aujourd'hui, encore, ces quelques images
:
A Belfahy, en juillet 1974
A Champagney, en août 1980
A Dôle, en 1985
A Champagney, le 16 juin 1985 pour l'inauguration du carillon de Champagney, avec Daniel
Cornette
A Champagney, le 16 juin 1985 pour l'inauguration du carillon de Champagney
A Champagney, le 14 septembre 1986 avec Paulette et Louis Lacaille
A Paris, le 6 octobre 1987 chez Senghor
A Champagney, en mars 1987 avec Michel Rocard
Au Vieil Armand, le 3 octobre 2003
A Héricourt, en 2009, à l'exposition sur les coiffes à la médiathèque
" Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le
moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la
couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était
moi.
Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous
nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par
quelque ordonnance du ciel ; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si
connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la
précipitation de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection.
Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés
molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas
une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre
dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui
nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien. "
Montaigne
Les Essais, livre 1er, chapitre XXVIII