Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Accident au puits Saint Louis

accident funeste

 

Document qui provient de la bibliothèque de feu le docteur Michel Frechin (Champagney)
Noté au dos de sa main " gravure sur bois extraite de l'Anabaptiste ou le cultivateur par expérience - Almanach nouveau pour l'an de grâce 1825 par Jacques Klappenstein"




La première catastrophe minière du bassin Ronchamp-Champagney eut lieu en 1824 au puits Saint Louis - appelé aussi le « Grand puits » - situé au hameau la Houillère. Elle provoqua la mort de vingt mineurs. C’est le grisou qui fut la cause de l’explosion.

On améliora alors l’aérage et on remplaça la  « rave », lampe à feu nu, par la lampe de sûreté Davy. Mais le gaz mortel était toujours abondant. A cette époque un homme – un détenu sorti de prison – recouvert de linge humide était chargé d’allumer le grisou afin de l’éliminer.

Le 31 mai 1830, une nouvelle explosion ravagea le Puits Saint Louis. Trente mineurs furent tués. Il semble que ce soit un ouvrier nommé Petey qui ait pris la responsabilité d’enflammer le gaz.


Houillères gravure 1
Gravure de 1826

Dans une lettre datée du 1er juin 1830 adressée au sous-préfet, le maire de Champagney, Jean-Baptiste Taiclet, raconte la tragédie et en dresse un premier bilan.


«  Je n’ai pu adresser les renseignements que je vous avais promis hier qu’à cette heure. Croyez bien que j’ai fait tout mon possible pour les recueillir plus tôt et que ce n’est pas faute s’ils vous arrivent si tard. Je quitte M K Kœchlin un des principaux propriétaires. Je viens d’assister avec lui à l’inhumation et ce n’est qu’après que j’ai pu obtenir tous les renseignements que je vous adresse, encore sont-ils  très incomplets.

 

C’est au puits Saint-Louis ou le Grand Puits qu’arriva déjà l’événement du 10 avril 1824, alors on ne se doutait même pas de la présence du gaz. Depuis, on s’est servi des lampes de Davy et les amendes les plus fortes ont été portées sur un règlement de la houillère contre le premier ouvrier qui démonterait sa lampe, fumerait, etc …

Dans cette partie de mine, il est cependant des travaux où il se dégage très peu de gaz et les ouvriers avaient vu qu’on pouvait l’enflammer sans danger, mais jamais sur le Grand Puits.

Michel Petey, père de cinq enfants croit qu’il y a un moyen bien plus simple de chasser le grisou […] dès la veille, il annonce à un ouvrier qu’il veut aussi y mettre le feu, d’après le rapport des maîtres mineurs. Certains jours, on avait pu le faire et l’auteur en eut été la seule victime. Sans doute que dans la journée du 30, il se serait dégagé une quantité considérable de gaz et que l’imprudence de ce malheureux aurait été la cause de la mort de 18 de ses camarades. Ce qui le fait présumer, c’est qu’en 1824, quatre seulement avaient été foudroyés et 16 asphyxiés. Hier, tous à l’exception d’un seul ont été brûlés ou fracturés, plusieurs ont été projetés à des distances considérables et, notez bien que les ouvrages sont très distants les uns des autres.[…]

 

Je n’ai pu encore recueillir de renseignements précis par leur famille. J’aurai l’honneur de vous les adresser plus tard, c’est à dire aussitôt que la chose sera possible.

Monsieur Kœchlin vient de m’assurer que l’établissement fera son possible pour les veuves et les orphelins. Cependant les établissements verraient avec plaisir qu’une souscription fut établie dans le département […].

Je sors de l’enterrement, j’ai le cœur gros de pleurs. Que de veuves ! Que d’orphelins ! Tous pauvres et tous méritant par la conduite de leur malheureux père les secours de leurs concitoyens. Champagney, je veux dire la population, a assisté en masse à cette cérémonie funèbre, j’ai eu l’avantage de distinguer les notables de la commune.

Je vous prie de signaler parmi les personnes qui se sont distinguées pour porter secours lors de l’événement : M Lalance, J ( ?), M Géraldi, tous ingénieurs, M Agté, maître mineur. Je n’ai pas encore le nom des ouvriers.

Mlle Mandeler Adèle et Cost […] qui ont porté tous les secours aux blessés, elles ont été et sont encore leurs gardes-malades.

Dans l’état que j’ai l’honneur de vous adresser, vous verrez quelques blancs, je ne pourrai les remplir avant trois jours. Si vous croyez qu’ils sont nécessaires de vous adresser cette rectification, je le ferai aussitôt. »

 

En 1857, le grisou frappa de nouveau, par deux fois, au puits Saint Charles entraînant la mort de 11 mineurs le 29 janvier et de deux le 14 mars.

 

Houillères gravure 2

Pour ces deux vues de la Houillère
Documents qui proviennent de la bibliothèque de feu le docteur Michel Frechin (Champagney).
Noté au dos de sa main " Dessiné d'après nature et lithographié par Y Rothmuller - 1826 - lithographie de Engelmann - musée de Mulhouse"

voir aussi :

Les écuries des Houillères de Ronchamp

Tag(s) : #Mines de Ronchamp
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :