Voici un nouveau travail de l'élève René Lamboley de l'école de Champagney. Il s'agit d'une dictée datée du samedi 3 juin 1916.
Pour découvrir toute la série utiliser, en bas de la page, le lien "La guerre à l'école".
Alfred Daguet, Les Voisin Renault, peints en noir pour sorties nocturnes, Aquarelle, 1918 - musée Air Espace LBG
Samedi 3 juin 1916,
Dictée
Un duel aérien
Haut, très haut, au-dessus de la forêt, à l’horizon un aigle sombre monte, approche lourdement, lentement. Et de petits nuages blancs jaillissent dans l’air qui l’environne. Prodigues, les obus français n’hésitent pas à l’entourer d’une suite nombreuse. Mais voilà que l’oiseau français a fait demi-tour. L’aigle et le faucon fendent l’air, se ruant l’un contre l’autre. Deux armées, tout là-bas, sur la terre, doivent les suivre des yeux en spectateurs anxieux. Que se passe-t-il au juste là-haut ? Ils deviennent si petits. L’un fuyant monte presque tout droit dans les airs. L’espace infini les aspire. Ils se noient dans l’azur où il n’existe pas d’autre abri que la distance ni d’autres espoirs que la vitesse. Ils ont disparu.
Tout à coup une ligne sombre jaillissant de l’azur descend du ciel lointain. Qu’est-ce que cela ? Dans la clarté sans limites Quelque chose semble tâtonner à la recherche d’un point d’appui. Une minute, un ronflement se perçoit. J’ai vu bien des oiseaux s’abattre, l’aile brisée mais ceci est un oiseau humain qui va tomber, s’abîmer. Voilà qu’il prend la direction de ses ailes. Le grand rapace, brutalement, le chasse de son domaine et le rejette sur terre. Il s’abat derrière la forêt. Une armée, deux armées sont les spectateurs figés sans haleine …
- Voilà le nôtre !
C’est le commandant qui rompt le silence, il respire profondément. Et l’oiseau fulgurant, ressortant de l’immensité bleue regagne rapidement les lignes françaises.
La guerre à l'école - Champagney - 1914-1918 - Alain Jacquot-Boileau
Vu dans les cahiers de René Beluche, élève en 1917 de Madame Frechin, en 1918 de Monsieur Emile Beluche La guerre pourrit tout, les corps et les esprits. Elle ne s'exprime pas seulement par les ...
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