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Henri Roth, industriel et maire

(1892‑1983)

Dans la série de portraits des anciens maires de Champagney commencée par l’évocation de Jules Décey premier magistrat au début du XXème siècle, et poursuivie avec celle d’Hippolyte Simonin qui lui a succédé au lendemain de la Grande Guerre, voici l’histoire d’Henri Roth élu en 1929, l’année de la grande dépression.

Henri Roth dans les années trente

Henri Roth dans les années trente

Henri Roth, issu d’une famille héricourtoise de fondeurs et de mouleurs, est né à la Tour du Pin dans l’Isère en 1892. Sa famille revient à Héricourt en 1894. Réformé suite à une sérieuse blessure de guerre, il s’installe à Champagney en décembre 1917. A cette date, le futur industriel commence une activité de récupérateur et de chiffonnier dans l’immeuble situé juste avant la gare (l’ancien café-hôtel Benoît)

Il loue des écuries qui se trouvaient sur l’emplacement de l’actuelle maison Piguet et fait construire les premiers bâtiments de son entreprise (entre chez Pistolet et la voie ferrée). Ils abritent le réfectoire et le triage des métaux jusqu’alors effectué dans la maison Benoît. Nous sommes alors vers 1920.

Cette première période dure jusqu’en 1930 et voit se développer l’affaire qui sera agrandie avec la construction d’une fonderie à l’emplacement des actuels établissements Beurier-Richard, après le passage à niveau. L’entreprise Roth a également, à cette époque, des locaux à Belfort faubourg des Vosges et un magasin en face de la fonderie à Champagney où l’on vend des matériaux de construction et des grillages.

En mai 1929, Henri Roth est élu face au maire sortant Hippolyte Simonin. Ils étaient déjà adversaires politiques aux élections de décembre 1919. Il a alors trente‑sept ans et n’est donc pas un inconnu. Il s’est entouré de têtes nouvelles.

Petit homme dynamique, Henri Roth, après dix ans de présence à Champagney a fait preuve de ses compétences au niveau professionnel, son entreprise, nous l’avons vu, compte localement. Il est de gauche, mais pour certains il reste un patron, donc suspect. Pour illustrer ce propos, il est à noter qu’en février 1930, lorsque la grève des établissements Corbin éclate, la municipalité sollicitée par les grévistes se désolidarise du mouvement invoquant la manipulation de la part de meneurs extérieurs à l’usine à des fins de propagande communiste, tout en manifestant cependant : « … sa sympathie entière aux revendications du personnel ouvrier. » (délibération du 8 février 1930) Peut‑on en conclure que le maire, alors chef d’entreprise, placé dans une situation inconfortable a réussi à contourner la difficulté ?

élus d'autrefois - Champagney - 3 -

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Moins d’une année après son élection, la crise économique emporte l’entreprise du premier magistrat. En avril 1930 c’est la liquidation judiciaire qui ne laisse rien au dynamique entrepreneur, même pas sa fonction d’élu puisqu’il se voit contraint d’abandonner ses fonctions d’élu. La famille Roth part alors pour Vesoul où son chef crée aussitôt une nouvelle fonderie.

Au cours de la petite année de gestion communale que le sort lui a accordé Henri Roth a largement prouvé son attachement à Champagney, son désir de progrès et sa volonté de traiter en priorité certains dossiers sociaux.

C’est en effet au cours de ce premier mandat que les fournitures scolaires sont offertes à tous les écoliers de Champagney, que les premières démarches en vue de la création d’un cours complémentaire pour les filles sont effectuées, qu’est créée la caisse des écoles, que sont organisés des cours ménagers et de sténo‑dactylographie (idée qu’il relancera lors de son retour en 1947), qu’est enfin créée une compagnie de sapeurs‑pompiers digne de ce nom.

C’est là la grande réalisation de ce maire, celle qui restera à jamais. En septembre 1929, le nouveau conseil décide l’acquisition d’une motopompe à moteur à essence avec ses accessoires. Les pourparlers ont lieu avec la société De Dion Bouton et une subvention est sollicitée. C’est le deux novembre que les conseillers décident la création de la compagnie : « …appel pour former une équipe technique pour l’entretien et la manœuvre du matériel dont l’acquisition est décidée à des ouvriers aptes par leur profession, tels que ferblantier, menuisier, mécanicien, garagiste etc … Il sera en outre demandé aux industriels de désigner dans leur personnel deux personnes pouvant également contribuer à assurer le fonctionnement de la pompe et de son matériel. »

Cette délibération est complétée par une autre du 14 décembre qui budgétise le projet ainsi : 23 000 francs pour la constitution d’une compagnie de soixante‑et‑un hommes et 5000 francs pour son entretien.

Cette même année 1929, le nouveau maire décide de redynamiser la structure laïque la « Société sportive de Champagney » et de rassembler tous les jeunes du village. Avec le concours de gens qui se sont déjà investis dans le domaine du sport, tels qu’Edmond Boillat, Auguste Capraro ou Louis Graizely, il fonde les « Sports réunis ».

Henri Roth lance encore les travaux d’endiguement des rives du Rahin et il a un projet de séances de cinéma et de déménagement de l’école enfantine très à l’étroit au rez‑de‑chaussée de la mairie.

Les questions scolaires et la jeunesse lui tiennent particulièrement à cœur et on l’imagine très déçu lorsqu’en tant que maire démissionnaire, le cinq avril 1930, il ouvre la première séance du conseil municipal de la nouvelle équipe. Celle‑ci est essentiellement composées d’amis, puisque le nouveau maire Marcel Labbaye et le premier adjoint Jules Taiclet, étaient respectivement premier et deuxième adjoint lors du mandat précédent.

La modernisation du village et les efforts en matière d’éducation vont se poursuivre. Mais à partir de cette date, et jusqu’à la guerre, la question du chômage va être comme une épine plantée pour les élus de cette difficile période de crise économique.

L’exil ne durera pas. En 1934, monsieur Roth est de retour à Champagney où son entreprise de la gare renaît de ses cendres. L’homme est un battant qui, face à l’adversité, relève vite la tête. Mais, il faudra attendre l’après-guerre pour qu’il revienne aux affaires municipales.

En 1946, le maire Marius Olivier est mis en minorité. Ce jour-là, le 9 décembre, dix-sept conseillers sont présents. Avec seize voix, et profitant de l’instabilité politique de cette époque, Henri Roth redevient maire de Champagney, mais - une nouvelle fois - pour une courte période. En effet, les élections municipales du 26 octobre 1947 conduiront à la tête de la municipalité un autre homme : Paul Jacquot.

Il n’empêche Henri Roth a largement marqué l’histoire de Champagney – en tant qu’industriel et en tant que maire. Au cours de ses brefs mandats il aura réalisé, on l’a vu, de nombreux projets prouvant sa volonté de modernité et son humanisme.

Henri Roth dans les années cinquante

Henri Roth dans les années cinquante

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