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20 novembre 2011, 67ème anniversaire de la mort du général Diego Brosset

A cette occasion, pour la troisième année, le Maire de Champagney - Gérard Poivey - et le Président de l'Amicale des Anciens de la 1ère DFL - Henri Pesenti - m'ont demandé de parler.
La cérémonie a lieu dans le funeste virage de Passavant. C'est la seule prise de parole.
Mon travail de réhabilitation de la mémoire de ce soldat oublié des livres d'histoire est la raison, j'imagine, de cet honneur qui m'est donné.


Chers amis,

Né en 1899, Diego Brosset abandonne ses études en 1916 pour s'engager. Il n’a que 17 ans. Grenadier d'élite, agent de liaison, le garçon accumule les actions d'éclat qui lui valent au total quatre citations. Après la Première Guerre mondiale il entre à l’école de Saint‑Maixent.

Pendant quinze ans, il sera alors Diego l'Africain menant la vie exaltante du méhariste, sillonnant les terres des confins sahariens, du Soudan et de la Mauritanie, du Sud algérien et marocain.

En même temps, il élargit ses connaissances : langues orientales, ethnologie, philosophie, mathématiques et il écrit, se révélant un écrivain de valeur.

Entre l'aventure saharienne et l'aventure intellectuelle, il prend le temps de se marier avec la fille du général Mangin dont il aura quatre enfants.

 Après un ultime séjour au Maroc, Diego l'Africain prépare en 1937 l'École de Guerre. En 1940 il se trouve à l'état-major du Corps d'Armée colonial. Mais ses chefs qui le jugent trop impulsif  l'envoient à Bogota à la mission militaire française  où il devient professeur de tactique et de stratégie.

 En juin, rappelé par Vichy, le mis à l’écart rallie Londres sans hésiter.

Le 10 janvier 1941, Brosset devient chef d'état‑major du général de Gaulle et au printemps, il l’accompagne en Erythrée puis au Levant.

 A l'aube de 1943, le général de Larminat lui donne le commandement de la 2e Brigade coloniale et au mois d'août de la même année il succède à Koenig à la tête de la  1ère DFL qu’il réorganise, réarme, entraîne au combat.

 Dans les mois qui vont suivre, l'épopée de Diego Brosset se confond avec celle de cette formation. En Italie, le chef intrépide galope au rythme étonnant de 4 heures à 20 heures, toujours à la tête des unités engagées et prenant des risques inouïs.

Entre deux combats, il écrit à son ami Vercors : « Les hommes rient dès qu'il me voient passer, me jouant des balles et des obus... Je suis un général « populaire » qu'on voit sur la ligne de feu du matin au soir, et les gars aiment ça ! »

 Le 18 juin 1944, Brosset perd le commandant de son artillerie, Laurent‑Champrosay tué par une mine. Il salue son compagnon par des mots affectueux et  prémonitoire : « Mon colonel, nous étions attelés à la même tâche. Vous êtes tombé aujourd'hui, nous continuons. Peut-être, demain, ce sera notre tour de vous rejoindre. »

 Demain, ce sera quatre mois plus tard, presque jour pour jour. Après la campagne d'Italie, le débarquement en Provence, la remontée de la vallée du Rhône, la 1ère DFL atteint les Vosges.

Le 20 novembre au matin, Brosset adresse à ses soldats un message qui s'achève ainsi : « Dans les jours qui suivent, je compte sur vous, les plus vieilles et les plus jeunes troupes de la nouvelle armée française, pour atteindre Giromagny et le Rhin au nord de Mulhouse. »

 L'élan victorieux de la 1 le DFL se fera sans son chef. Ce même 20 novembre, le général Brosset se tue au volant de sa jeep, ici même. Comme il le faisait dans la vie depuis trente ans, ce soldat qui nous est cher entre en trombe dans la mort.

Dans le livre qu’il consacre aux résistants tchèques qui ont assassiné le nazi Heydrich à Prague en 1942, Laurent Binet écrits ceci qui nous concerne : «Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour nous les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert celui qui s’en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console. »

Il est vrai que le culte des morts n’est utile qu’aux vivants. Mais j’ajouterai que cultiver la mémoire est aussi le seul moyen de montrer le respect que nous devons à des hommes tels que Brosset - Brosset que nous honorons parce que c’était un chef - mais respect que nous devons aussi à tous les hommes tombés à ses côtés avant le 20 novembre, puis après.

Sans leur engagement, celui de ceux qui ont laissé leur vie et celui de ceux qui en sont revenus pour témoigner, le cours de l’histoire aurait été différent. Cette évidence, il faut la rappeler. L’Europe leur doit la paix.


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Réf : "HHHhH", Laurent Binet - Grasset

Passavant - 9

Voir sur ce blog tous les documents  - textes et images - consacrés au général Brosset dans " Brosset Diego "

Tag(s) : #Brosset Diego
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