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L’Entreprise Henri Roth à Champagney

 

 
Roth 1

 

 

                                             Roth 5

 

Henri Roth, issu d'une famille héricourtoise de fondeurs et de mouleurs, est né à la Tour du Pin dans l’Isère en 1892. Sa famille revient à Héricourt en 1894. Réformé suite à une sérieuse blessure de guerre, il s’installe à Champagney en décembre 1917.

Le futur industriel commence à cette date une activité de récupérateur et de chiffonnier dans l’immeuble situé juste avant la gare (ancien café‑hôtel Benoît). Au rez-de‑chaussée, des ouvrières trient les chiffons en vue de leur recyclage en chiffons d’essuyage pour les usines. Dans le même temps, il loue des écuries qui se trouvaient sur l’emplacement de l’actuelle maison Piguet et fait construire les premiers bâtiments de son entreprise (entre chez anciennement Pistolet et la voie ferrée). Ils abritent le réfectoire et le triage des métaux jusqu’alors effectué dans la maison Benoît. Nous sommes alors vers 1920.

 

 

 Roth 6

Le café-hôtel Benoit était au XIXème siècle un relais de poste. En 1917, Henri Roth y installa, au rez-de-chaussée, son activité de chiffonnier. La gare se trouve juste après cet immeuble.

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Cette première période dure jusqu’en 1930 et voit se développer l’affaire qui sera agrandie avec la construction d’une fonderie à l’emplacement des actuels établissements Beurier‑Richard, après le passage à niveau. L’entreprise Roth a également, à cette époque, des locaux à Belfort faubourg des Vosges et un magasin en face de la fonderie à Champagney où l’on vend des matériaux de construction et des grillages.


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Derrière les établissements Beurier-Richard, un mur : tout ce qu'il reste de la fonderie Roth.

Roth 2

 

C’est une fonderie de zinc et d’aluminium qui produit des lingots revendus à des fonderies plus importantes. Une vingtaine d’ouvriers y sont employés à l’époque. Les documents d’alors parlent de production de mitrailles pour fonderies, forges et aciéries, de zinc pour galvanisation, de fûts pétroliers, de chiffons pour essuyage, de matériel d’occasion et de matériaux de construction. Outre la fabrication de lingots, l’entreprise produit toutes sortes d’ustensiles de cuisine. Elle a encore dans ses possibilités la démolition d’usines et réceptionne les écorces de chêne en partance pour les tanneries Grosjean du Thillot.

 

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En 1925, Henri Roth jusque là locataire, fait construire une belle maison d’habitation à proximité du premier site (anciennement maison Pistolet - maison rose ci-dessus).

Malheureusement cette période de développement et de prospérité s’achève avec la crise économique à laquelle l’entreprise ne survivra pas. En avril 1930 c’est la liquidation judiciaire que ne laisse rien à l’autoritaire et dynamique entrepreneur, même pas sa fonction d’élu (Henri Roth avait été élu maire de Champagney l’année précédente).

La famille Roth part alors pour Vesoul où son chef recrée aussitôt une petite fonderie. Mais cet exil ne dure pas. En 1934, monsieur Roth est de retour à Champagney où son entreprise de la gare renaît de ses cendres. L’homme est un battant qui, face à l’adversité, relève vite la tête. Il l’a prouvé après 1930.

 

Ce retour à Champagney se fait sur de nouvelles bases. Le site après le passage à niveau est abandonné pour ne conserver que l’ensemble primitif avant la gare : triage des métaux, mais aussi fonderie. De plus, André Roth vient seconder son père.

Les en-têtes de la nouvelle entreprise parlent alors : «  moulage au sable et en coquilles, de production d’aluminium et d’alliages de pièces pour industries mécaniques, minières, textiles, électriques, de production de cuivre, de bronze ». Parallèlement l’usine produit toujours des ustensiles pour fromagerie, laiterie, charcuterie et l’alimentation en général.

 

 Roth 4

 

Après 1936, l’entreprise Roth accueillera de nombreux ouvriers victimes de la fermeture de l’usine Corbin.

En 1941‑42 ont lieu des travaux d’agrandissement. Une fonderie et un laboratoire d’analyses sont construits. Jacques Roth intervient alors en tant que chimiste. L’affinage des métaux est alors possible et la confection de lingots d’aluminium, de cuivre et de bronze se poursuit, ainsi que la préparation des mitrailles pour les fonderies et le moulage des pièces. Il y a alors environ 110 ouvriers sur le site, les femmes étant employées à l’ébarbage et au polissage.

Après 1945, la récupération bat son plein grâce au recyclage des véhicules militaires en particulier les avions. Des trains complets d’avions détériorés passent dans l’usine grâce à un embranchement ferroviaire. Ils sont démontés afin d’en récupérer l’aluminium.


Le métal était récupéré sur les objets les plus divers : des avions aux compteurs à gaz en passant par les fourragères. Le type de produits fabriqués à partir de cet aluminium donne une liste du même type que celle des produits récoltés, une liste à la Prévert : cocottes, seaux, bassines, fait‑tout, poignées de cercueils, christs ...

Les femmes peuvent égaiement ébarber à domicile, l’usine fournissant limes et étaux. L’entreprise est alors très dynamique puisque vers 1947, on y compte encore une centaine d’employés. Première victime de la crise économique en 1930, elle reste la seule survivante des trois principales usines pourvoyeuses d’emplois à Champagney (mises à part les houillères de Ronchamp).

À partir des années soixante, Henri Roth, alors âgé, refuse de moderniser son usine au grand dam de ses fils qui, déçus, le quittent. L’activité se réduit alors de plus en plus, pour s’arrêter totalement en 1964.


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Ce texte est extrait de Cham 1:

 

 

 

 

L'usine en 1934 (document Yvette Roth)

L'usine en 1934 (document Yvette Roth)

Tag(s) : #Histoire locale
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